Quartier Vauban de Fribourg, l'avenir serait-il dans les courtes distances ?

Située en Bade-Wurtemberg, la ville de Fribourg-en-Brisgau peut décemment être considérée comme l'une des pionnières dans le domaine de l'écologie. Cette agglomération d'environ 200 000 âmes s'est en effet spécialisée dans le développement durable et compte notamment l'une des plus grande fabrique européenne de panneaux photovoltaïques. Elle est également le lieu de résidence de Rolf Disch, le concepteur de la maison héliotrope dont j'ai parlé dans un article récent.
Mais le véritable trait marquant de cette ville est son quartier Vauban. Situé en périphérie de la ville, il fut construit au milieu des années 90 sur une ancienne base militaire française. Après le départ des troupes française en 1992, les lieux ont rapidement été squattés puis utilisés par la municipalité pour construire un des tout premiers écoquartier du monde. Le principe du quartier est assez simple et vise à réduire au maximum l'empreinte écologique de ses habitants. Pour ce faire, certaines des anciennes casernes ont été récupérées et transformées en maisons passives de grande qualité, d'autres ont tout simplement été détruites et remplacées par des habitations plus respectueuses de l'environnement.
Vauban est également remarquable dans la démarche via laquelle il a été construit : lors des travaux un "forum de consultation" de la population a été mis en place et a permis de demander l'avis des futurs habitants du quartier. Cette démarche participative a ainsi permis aux voisins de communiquer ensemble avant l'établissement de leur maison et de créer des liens entre eux, il leur était ainsi possible de construire ensemble leur pâté de maison (réduction des coûts) et d'aplanir tout éventuel différend avant d'avoir même posé la première pierre. Aujourd'hui encore ces groupes de quartier persistent et permettent d'organiser différentes activités culturelles.
L'un des artisans de ce quartier est évidemment Rolf Disch mais tous les urbanistes occupés sur ce projet se sont mis d'accords sur certains points : le premier concerne les voitures, ils ont essayé de construire un quartier aussi peu motorisé que possible. Pour ce faire ils ont employé plusieurs moyens dissuasifs : non seulement il n'existe quasiment pas de rues autorisées pour les voitures mais celles-ci sont obligées de rouler à 30km/h maximum quand ce elles ne sont pas limitées à 5km/h.  Deux énormes "silos" sont également mis à la disposition des conducteurs désireux de parquer leur voiture et de continuer leur chemin à pied. Ces énormes parkings servent aussi de lieu de stockage des voitures des habitants qui ont rapidement compris que le vélo ou le tram étaient les moyens les plus rapides de se déplacer. Pour que cela soit viable il faut que les distances soient courtes : tout le monde n'est pas forcément adepte des longues balades cycliste chaque matin pour se rendre au travail ! Cela aussi a été bien intégré puisque Vauban a été construit comme un quartier des "courtes distances" (= tout ce qui est sous les 700m). Il permet aux habitants de bénéficier d'un grand nombre de services sur de courtes distances. Pour ceux qui veulent aller au centre-ville celui-ci se trouve par contre à 3km (ce qui représente 15mn de vélo ou de tram). On l'a donc bien compris : la voiture n'est pas la bienvenue. L'objectif est réussi puisque des études montrent que moins de 50% des gens de ce quartier possèdent une voiture. Les silos sont la clé de ce projet réussi, ils permettent de déposer sa voiture à l'entrée du quartier pour y pénétrer à pied afin de respecter les résidents du quartier.
Le second point important est le respect de la disposition des lieux, les architectes ont essayé de préserver au maximum les arbres et les dénivellations préexistant au quartier. On peut ainsi observer d'énormes arbres plantés un peu partout dans le quartier, ils n'ont pas été abattus et participent à l'ambiance "nature" du quartier, certaines maisons ont même intégré un tronc dans leur mur. Cette ambiance est probablement le trait marquant de Vauban, en éradiquant quasiment toutes les voitures et en permettant aux gens de se déplacer en vélo ou à pied on a l'impression d'entrer dans un autre monde. J'y suis allé en plein milieu de la journée et j'ai pu marcher en plein milieu de la route principale en évitant des dizaines de gosses qui jouaient sur la rue ou qui faisaient du vélo. Le silence aussi est impressionnant, on ne s'en rend pas toujours compte mais le bruit du trafic est omniprésent dans notre vie, aussi lorsqu'il disparaît tout a l'air beaucoup plus serein.
Toujours est-il que ce quartier est pour moi la preuve qu'il est possible de vivre en limitant à son strict minimum l'utilisation de la voiture. Cela requiert évidemment une planification importante et une volonté de la population de faire un effort, mais j'ai été témoin du résultat et c'est impressionnant ! La qualité de vie des habitants de ce quartier est améliorée par leur manière de vivre (toits végétalisés, recyclage des eaux, éradication de la voiture, panneaux solaires,...) et celle-ci est respectueuse de l'environnement. Pas étonnant que de nombreux hommes politiques fassent le voyage jusqu'à Fribourg pour essayer de décrypter leur secret !